Le génocide et l'extermination des Tziganes
Dès l'arrivée au pouvoir d'Hitler, les Tziganes ont été persécutés par les nazis parce que n'étant pas de "race aryenne". Après avoir été passé sous silence pendant des décennies, ce génocide est reconnu seulement depuis 1982, et nous en découvrons toute l'horreur.
2/19/20232 min read
Rassemblement tzigane à Asperg en Allemagne pour être déporté, 22 mai 1940
Le génocide des Tziganes, aussi désigné sous le terme de "Porajmos" (soit "dévoré"), a fait 200 000 victimes mais est resté longtemps assez méconnu. Ce peuple a été exterminé par les nazis pour des raisons raciales puisqu'ils n'étaient pas considérés comme faisant parti de la "race aryenne".
Dès l'arrivé d'Hitler au pouvoir en 1933, une politique d'internement et de déportation est mise en place par les nazis, principalement en raison de l'appartenance des Tziganes, selon l'idéologie du régime, à la "race inférieure". Bien que d'origine indo-européenne, donc d'origine "aryenne", le peuple tzigane serait corrompu par le métissage. De plus, il est perçu comme un fardeau économique à cause de l'aide sociale reçu par les familles démunies, mais aussi comme malpropre par les services d'hygiène urbains et enfin, on accuse les Tziganes d'"insociabilité". C'est pourquoi les Tziganes sont envoyés dans les camps de concentration de Dachau, premier camp de concentration créé par Hitler en mars 1933, de Buchenwald et de Ravensbrück mais aussi dans les camps d'extermination de Auschwitz-Birkenau, Chelmno, Sobibor et Treblinka à partir de 1942. Cette politique exclut cependant les Tziganes dits de "sang pur", c'est-à-dire qui ne sont pas sujets au métissage et donc sans danger pour le régime, contrairement aux "sang mêlé", ainsi que ceux faisant partie de l'armée allemande, la Wehrmacht. Pourtant, lors des arrestations de Tziganes, aucune différence n'est réellement faite.
23 000 Tziganes sont déportés dans le camp de Auschwitz-Birkenau où ils sont regroupés dans le "camp des familles" ("Familienzigeunerlager"), ouvert en 1942 où les détenus portaient un triangle noir désignant leur appartenance au peuple tzigane. Ce camp est nommé ainsi car les hommes et les femmes ne sont pas séparés, c'est donc un internement familial. Le docteur Josef Mengele et des équipes utilisent les détenus tziganes, notamment les enfants, comme cobayes pour des expériences médicales. De plus, les femmes ainsi que les jeunes filles subissent une stérilisation forcée. Beaucoup de déportés succombent aux conditions de travail épouvantables ainsi qu'à des épidémies de typhus, de dysenterie ainsi que de nema, qui s'est répandue parmi les enfants déportés en 1943, quand ils n'étaient pas directement exécutés. Le "camp des familles" est liquidé pendant la nuit du 2 au 3 août 1944: 3 000 déportés sont gazés en l'espace de quelques heures.
Sur le front Est, les Tziganes sont assassinés par balle par les Einsatzgruppen, à l'instar des Juif et des communistes.
Ainsi, environ 25% des Tziganes européens ont été exterminés. Cependant, aucun témoin tzigane n'est présent lors des procès de Nuremberg et les recherches sur leurs persécutions par les nazis ne sont développées qu'à partir des années 1980-1990, ce qui montre l'occultation qui a longtemps persisté de ce génocide.
Ecrit par Raphaëlle LEGRAND